Un espace historique sur le mouvement ouvrier

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Une scission socialiste à la Belle époque : le Parti ouvrier en 1914

Publié par ehmo sur 25 Mai 2015, 19:40pm

Une scission socialiste à la Belle époque : le Parti ouvrier en 1914

La fusion des anciennes organisations politiques dans la SFIO en 1905 n’a pas apporté l’unité de vue espérée. Des tendances se sont maintenues et recréées formellement à partir de 1907. Mais celles-ci ne remplissent pas le rôle qu’on attend d’elles, notamment parmi les guesdistes, garants de l’orthodoxie marxiste.

Bien plus, le guesdisme est soluble dans le jauressisme, malgré quelques distinctions en 1910 autour de la loi sur les retraites.

Jaurès a en fait réussi à convaincre et gagner des cadres influents comme Compère Morel ou Bracke. La décomposition de l’ensemble des tendances en 1911-1912 insatisfait un certain nombre de cadres, notamment à cause des errements d’une direction socialiste de plus en plus tournée vers le parlementarisme.

Le rassemblement d’oppositions diverses

Un regroupement s’opère donc avec des militants aux horizons très divers et aux préoccupations différentes. Ils vont bientôt former une nouvelle tendance.

Achille Cambier, dirigeant national à la CAP de la SFIO de 1907 à 1912, aussi membre du BSI (Bureau socialiste international, organe central de la IIè Internationale) pendant douze ans, marque cette nouvelle tendance de sa personnalité. Il mène une politique de dignité où il estime que lui et sa femme sont salis par une sombre affaire portant sur la gestion d’une colonie de vacances plus ou moins liée à la SFIO, le « Grand Air ». Il menait une virulente campagne contre le secrétaire général de la SFIO, Louis Dubreuilh. Cette campagne n’est pas anecdotique mais entre comme un des éléments fondamentaux de son entrée en dissidence dans le Parti. Certes, il ne limite pas sa dissidence à cette affaire mais elle surplombe souvent les autres questions. De fait, elle est peu politique et est considérée comme une bataille de personne que même ses alliés ne comprennent pas toujours.

Jean Allemane, ancien communard, est ancien député, dirigeant pendant de nombreuses années du POSR (parti ouvrier socialiste révolutionnaire), un des partis fondateur de la SFIO. Il conteste l’abandon du socle politique de 1905 qui avait présidé à la naissance de la SFIO. Il combat la bureaucratisation de la direction socialiste de plus en plus liée aux élus. En 1908, il avait déjà émis des critiques contre la direction de la SFIO et du pouvoir réel mis entre les mains de quelques uns.

Une partie non négligeable de cadres issus du guesdisme s’en rapproche comme Maussa, René Chauvin (ancien député), Paul Grados, François Pringault, Paul Aspord ou encore Henri Nivet, pour ne citer que ces noms, tous anciens rédacteurs au Socialisme disparu quelques mois plus tôt.

D’autres figures du socialisme sont engagées dans l’aventure. Elisabeth Renaud s’était fait connaitre pour son engagement féministe et s’est présentée à plusieurs occasions à des élections avec des résultats significatifs. Signalons encore le Docteur Auguste-Louis Navarre, conseiller municipal de Paris et apprécié des socialistes du XIIIè arrondissement parisien.

Des syndicalistes complètent enfin cette vague de contestation. Marius Nègre, ancien secrétaire fédéral du syndicat national des instituteurs, révoqué le 27 avril 1907, s’est pleinement investi dans cette tendance. Charles Le Gléo, s’était fait connaître pour avoir été condamné pour faits de grève et manifestation, le 12 mars 1909 alors que le droit de grève était interdit aux fonctionnaires. L’Humanité avait cessé sa collaboration en septembre 1909 alors qu’il y écrivait des nouvelles littéraires.

Des soutiens hétéroclites

Le spectre des soutiens va de l’extrême gauche à l’extrême droite du mouvement ouvrier, si l’on peut parler ainsi. Charles Rappoport, le théoricien guesdiste, alors en dissidence avec Guesde, a mené une bataille d’idées dans le journal des guesdistes, Le Socialisme, contre le réformisme de Jaurès et le parlementarisme. Il représente un néo-guesdisme sans histoire profonde avec les amis de Guesde sous le POF constitué dans le troisième tiers du XIXè siècle[1]. Marginalisé, il crée Contre la Guerre à la diffusion sans doute restreinte. Rappoport écrit dans sa revue : « un nouvel hebdomadaire sous la houlette de notre camarade Achille Cambier vient de paraître… Le nouveau journal combat vivement, et avec talent, les tendances blocardes de quelques camarades. Nous lui souhaitons la bienvenue et le succès. »[2] La première initiative est en effet la création d’un journal qui va alimenter la polémique et la discorde dans les rangs socialistes.

Des soutiens viennent également de milieux antisémites. Terre Libre a déjà soutenu les époux Cambier en 1911. De fait, les animateurs du journal n’ont pas pris soin de délimiter leur programme politique et d’exclure les antisémites de leurs alliés potentiels. On peut en effet lire dans La Lutte de Classe cet appel à souscription : « nos lecteurs peuvent être tranquilles, nous ne ferons jamais appel aux banquiers juifs, accapareurs de blé, qui ont subventionné si largement à ses débuts le journal [il s’agit de l’Humanité, FF] qui nous a diffamé. »[3] Alors que la direction de la SFIO et de la CGT a condamné l’antisémitisme, La Lutte de Classe se perd dans ces eaux nauséabondes. Bien qu’ancien dreyfusard, Allemane n’est pas exempt d’antisémitisme et prétend défendre, sans aucune précaution oratoire, « des malheureux et non pas des juifs millionnaires »[4].

La formation d’une tendance socialiste

La jonction ayant été faite sur des bases larges, les initiateurs décident de publier un nouvel organe : La Lutte de Classe. Cet hebdomadaire paraît pour la première fois le 25 mai 1913. Ce journal comble un vide laissé par Le Socialisme de Guesde. Plusieurs partisans regrettent la « disparition du ‘Socialisme’, organe qui rappelait aux militants le respect de la doctrine »[5] et montre bien là son ancrage dans des franges significatives du guesdisme.

La Lutte de Classe reçoit plusieurs dizaines de lettres de soutiens, ce qui permet de connaître les amitiés qui se nouent et les réseaux qui se lient. Le mouvement de soutien, qui n’ira pas obligatoirement jusqu’à la dissidence complète, s’appuie sur des cadres socialistes intermédiaires comme Eugène Restiaux, ancien membre de la CAP de la SFIO, Théo Bretin, guesdiste de Saône-et-Loire et délégué aux congrès nationaux, Jean Félix, secrétaire fédéral de l’Hérault, Léon Greffier, secrétaire fédéral de l’Isère, Germain Favre, secrétaire fédéral des Deux-Savoies, Aristide Jobert, ancien bras droit de Gustave Hervé et rédacteur à la Guerre Sociale, etc. Le mouvement n’est donc pas exclusivement parisien mais s’étend dans un certain nombre de fédérations.

163 noms ont été répertoriés dans La Lutte de Classe. Si la très grande majorité des noms qui apparaissent dans l’hebdomadaire n’ont pas laissé de traces décisives (70%), le premier groupe aux origines politiques connues est guesdiste (13%), puis viennent les libertaires (4%), les allemanistes (3%), les indépendants (jaurésiens ou autonomes), et de façon résiduelle, les blanquistes, les hervéistes, les syndicalistes, ceux qui n’ont connu que la SFIO, et les hors parti.

Ce regroupement implique des militants ayant eu des positions influentes dans la SFIO. 17 militants ont écrit dans l’organe central de la SFIO, Le Socialiste, dont l’accès n’est sans doute pas à la portée de tous. Celui-ci, avant d’être l’organe de la SFIO, était celui du PsdF, parti guesdo-blanquiste avant la fusion de 1905 créant la SFIO. Certains y écrivaient déjà (Maussa, Nivet, Grados). Le passage à la SFIO amène de nouveaux collaborateurs qui vont y écrire des articles jusqu’en 1912.

Précipitation des événements

En septembre, un groupe d’Amis de La Lutte de Classe se forme sous l’impulsion de son secrétaire François Dardenne, ouvrier typographe. Il se donne pour objectif de renforcer la vente de leur organe et d’organiser leur intervention dans la SFIO. Il ne semble pas que des groupes d’Amis aient été très répandus bien qu’un certain Paul Rémy annonce qu’ils s’en soient formés dans toutes les sections de la fédération de la Seine dès octobre 1913. On peut raisonnablement supposer qu’une quinzaine de groupes ait été fondée, préambule aux futures sections du parti ouvrier qu’ils allaient créer en mars 1914.

Très rapidement, la création de cette tendance est contrebattue. Le conseil national du 13 juillet fut saisi d’une question de discipline contre Cambier et son journal. Une motion demanda unanimement qu’une procédure de contrôle lui soit faite et concluait par « la rupture entre le Parti et cet organe et prévient les militants qui continueraient à collaborer, qu’ils tomberaient eux-mêmes sous le coup de cette procédure ». Le conseil national laissait le soin à la direction fédérale de la Seine dnt relevait Cambier de mettre en application les décisions du CN. Le 14 octobre 1913, une discussion est engagée au conseil fédéral de la Seine sur Cambier et La lutte de Classe. Une majorité se prononce en faveur de la poursuite de la discussion. D’un côté, Cambier lutte pour qu’un débat soit tranché en faveur de sa femme impliquée dans la gestion de la colonie du Grand Air, les liens ce celle-ci avec la SFIO, les malversations supposées par certains socialistes. Les autres questions politiques que soulevait La Lutte de Classe passaient au second plan et disparaissaient. De leurs côtés, les responsables socialistes accusaient ce journal d’être soutenu par le juge Georges Bonjean. Il est clair qu’en concentrant la discussion sur l’affaire du Grand Air, les discussions les plus intéressantes passaient à la trappe.

Cambier est exclu le 21 décembre 1913 par la fédération de la Seine pour sa campagne calomnieuse contre la SFIO dans La Lutte de Classe. Cela fut entériné par le congrès d’Amiens tenu du 25 au 28 janvier 1914 à l’unanimité moins une voix.

Une organisation fondée dans l’indifférence des masses

Rapidement, il fut décidé de quitter la SFIO et de créer une nouvelle organisation, le Parti ouvrier dont le congrès fondateur se tint en mars. Dès le 31 janvier, quelques jours seulement après la fin du congrès d’Amiens, La Lutte de Classe divulgue le Manifeste du Parti Ouvrier.

La lecture des textes publiés confirme le sentiment que le PO ne sera qu’une réplique de la SFIO. Les rappels aux congrès internationaux, notamment d’Amsterdam, la référence aux bases d’unification en 1905 fondant la SFIO, tout porte à croire que les animateurs n’apportent aucune innovation politique fondamentale. Ils défendent la représentation proportionnelle, la suppression du sénat, contre l’armée permanente, etc., tout comme la SFIO. Au congrès fondateur de mars, les divergences apparaissent et montrent l’absence d’unité politique faisant remonter les anciennes oppositions d’avant l’Unité.

En avril 1914, le PO présente 36 candidats aux législatives. Nous avons une idée de leur implantation à partir des premières sections qui apparaissent au lendemain de la création du Parti ouvrier, lancé dès janvier 1914. Cinq arrondissements voient dès février l’apparition de sections locales (Xè, XIè, XVè, XVIIè, XVIIIè), à Boulogne-Billancourt. En mars, La Lutte de Classe annonce l’existence de Quinze sections à Paris et huit en banlieue et quatorze fédérations en province pour 80 groupes locaux. Gageons que ces fédérations de province devaient avoir une surface d’implantation limitée. Il semblerait que 5000 personnes auraient adhéré au Parti ouvrier, chiffre invérifiable, provenant d’un article de Terre libre. Des groupes n’ayant jamais accepté la fusion des partis en 1905 le rejoignent comme le Parti de l’Action Sociale dans le Pas-de-Calais. Les législatives des 26 avril et 10 mai 1914 permettent de mieux mesurer le degré d’influence où 28 candidats se sont présentés. Leurs résultats sont la plupart du temps dérisoires. Au premier tour, Bergounioux reçoit 122 voix sur 8 528 votants dans le XIIIè arrondissement de Paris ; Gilbert Caudrillier en obtient 12 sur 26 822 votants dans la circonscription de Cambrai (Nord) ; Anatole Michelet ne glane que 5 voix sur 14 9882 dans le XVIIIè arrondissement de Paris, etc. Certes, quelques candidatures font mieux et atteignent entre 100 et 400 voix mais La moitié de leurs candidats réalisent moins de 100 voix. Seuls quatre candidats ont des résultats honorables : Allemane, évidemment implantés depuis longtemps dans le XIè arrondissement gagne 1271 voix. Dans le Pas-de-Calais, deux candidats ont une implantation certaine. Adrien Boudet, typographe, candidat du PO à Béthune rassemble 1081 voix et Henri Deroide, avocat, regroupe 2454 voix à Boulogne. Ils se maintiennent lorsqu’il y a un second tour. Les résultats sont alors catastrophiques : les candidats de gauche les mieux placés au premier tour siphonnent le plus souvent leurs voix initiales. Signalons une exception : dans le Var, Auguste Berthon soutenu par une section locale du PO, reçoit non seulement 1226 voix au premier tour mais il est élu au second avec 2677 voix. Il sera le seul député du PO.

La SFIO, elle, gagne 280 000 voix. Le PO est d’emblée un groupe sectaire, provocateur et sans assise de masse.

Disqualifié aux élections, un nouvel événement interne va précipiter la fin du PO. Le 18 mars 1914, Allemane relance le Cri du Peuple, en référence à Jules Vallès. Son comité de rédaction comprend Cambier, Chauvin, Erboville, Le Gléo, Marange, Nègre, Renaud... Son tirage est quotidien et prend un rythme hebdomadaire à partir du 16 mai pour cesser définitivement le 10 juin. Selon La Lutte de Classe, la publication du Cri du Peuple correspondait à une manœuvre politico-financière qui va soulever une série d’exclusions. De son côté, La Lutte de Classe ne se porte pas bien non plus et n’a plus de fonds de réserve fin mai et disparaît le 27 juin 1914. Il est assez curieux de constater que les journaux cessent leur existence après le second tour des élections législatives du 10 mai. Les élections passées, des généreux donateurs n’avaient peut-être alors plus besoin d’aider le PO. Ce qui accréditerait la thèse d’un soutien financier d’opposants à la SFIO comme l’avaient déclaré les dirigeants socialistes en accusant le juge Bonjean de financer cette opposition interne.

Bien que leurs statuts acceptent le principe fédéraliste et le droit des minorités, la direction du PO exclut 12 personnes en juin 1914 parmi les principaux fondateurs : Nègre, Dardenne, Legeleux, Marange... Privé de l’élan initial, de ses fondateurs, de son organe, la vague nationaliste à l’entrée de la guerre va finir d’achever cet essai d’un regroupement d’une gauche de la SFIO.

Cette expérience de scission fut donc de courte durée. Face à l’entrée en guerre, les principaux acteurs se rallièrent à l’Union sacrée. Si nous ignorons leur attitude pendant la guerre pour une grande majorité des noms glanés dans leur hebdomadaire, 6% rejoindront l’Union sacrée et 3% se rangeront parmi les pacifistes. Le PO avait dès mars 1914 annoncé son soutien à une éventuelle guerre : « il importe seulement pour le PO d’envisager le meilleur mode d’organisation de la défense nationale qui pourra et devra se confondre et se confondra certainement à un moment donné avec la défense de la République sociale ». Elisabeth Renaud avait soutenu le principe de défense de la civilisation : « N’oublions pas que nous avons des trésors de civilisation à défendre »[6]. Cette argumentation sera celle de la direction de la SFIO à l’entrée de la guerre. Jean Allemane devenait dès août 1914 directeur du Cri français avec René Chauvin, organe entièrement tourné vers la défense nationale, journal oublié par l’histoire et dont il ne reste qu’un seul numéro à la Bibliothèque nationale de France. Achille Cambier, dont l’activité politique semble disparaitre après juin 1914, devait tout de même signer un article le 21 février 1915 dans l’Express où il exprimait un point de vue belliciste. Dans leur grande masse, les animateurs de La Lutte de Classe ne joueront aucun rôle durant la Première Guerre mondiale.

Dans le sillage de cette éphémère expérience, on retrouvera quelques noms à l’issue de la guerre : Marius Hanot, responsable de la section du PO dans le XIIIè arrondissement et trésorier national va prendre la tête d’un groupe ultra gauche en 1920, la fédération communiste des Soviets ; Charles Le Gléo, Ernest Lepez, René Marange, Marius Ricard et Arthur Henriet seront parmi les fondateurs du parti communiste dont quelques uns au Comité de la IIIIè Internationale. Le fils d’Achille Cambier, Catulle, jouera un rôle certain dans les années 1920 sous le nom de Victor Cat. Les fondateurs du PCF s’appuieront sur certains de ces anciens opposants de la SFIO d’avant-guerre, comme René Marange. Mais dans leur grande majorité, militants d’une ancienne génération, les partisans de ce courant ne feront plus parler d’eux après guerre.

François Ferrette

[1] Afin de préparer une bataille sur le passage de l’Humanité sous contrôle du Parti au 8ème congrès national de la SFIO (16-19 avril 1911, Saint-Quentin), Rappoport a écrit dans Le Socialisme, organe de la tendance à laquelle il appartient, plusieurs articles. Il conteste au journal de Jaurès l’esprit réformiste qui l’anime, l’abandon de l’opposition au pouvoir bourgeois et en conclut qu’on pourrait croire que l’Humanité est un « journal ministériel, sage et aimable »[1]. Au congrès, il soulève la question de son financement opaque, sujet sensible, qui n’est pas loin de l’argument antisémite puisque des juifs, riches et intellectuels, ont été à l’origine du quotidien. Le professeur Lévy-Bruhl est évoqué par Rappoport qu’il soupçonne, sans preuves, d’avoir obtenu 100 000 francs venant de sources capitalistes. En plein congrès, Rappoport est désavoué par Guesde et sa garde rapprochée, Compère-Morel, Bracke mais aussi Mayéras. Il publie un peu plus d’un an après le premier numéro de Contre la Guerre, daté du 23 novembre 1912. Guesde désavoua l’orientation de cette revue.

[2] La Lutte de Classe, n°6 , 28 juin 1913

[3] La Lutte de Classe, n°23 , 25 octobre 1913

[4] Rapport de police du 15 octobre 1913, AN F7, dossier 15924.

[5] Les guesdistes avaient cessé de faire paraitre Le Socialisme en mars 1913.

[6] La Lutte de Classe, n°42, 7 mars 1914

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