Un espace historique sur le mouvement ouvrier

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socialisme, origines du communisme français, biographies


Histoire du mouvement socialiste à St Ouen (1914-1921)

Publié par ehmo sur 3 Septembre 2013, 17:04pm

Catégories : #éléments d'histoires locales

   Les premiers pas du mouvement socialiste


Très tôt, St Ouen fut le terrain d’action du mouvement socialiste à la fin du XIXè siècle. Diverses organisations politiques révolutionnaires se disputaient l’influence socialiste. Si le Parti ouvrier français (le POF de Jules Guesde) avait une implantation mineure en région parisienne, il n’en était pas de même pour le POSR (parti ouvrier socialiste révolutionnaire), le parti de Jean Allemane, qui comptait quelques groupes solides à  St Ouen sans oublier un groupe blanquiste (du nom d’Auguste Blanqui, adepte de la barricade et de l’action de rue). Leur opposition n’était pas totale puisqu’ils parvinrent à s’associer en vue des élections. En 1887, une coalition de blanquistes et de possibilistes conquit la mairie avec Jean Pernin[1]. C’était le premier maire socialiste et ouvrier élu en France[2]. En 1892, ce sont les allemanistes qui dirigèrent la municipalité. Malheureusement, en 1898, les radicaux reprirent le contrôle de la municipalité par manque d’unité socialiste. En 1903, un groupe du Parti Socialiste de France (parti issu du POF et des blanquistes) était présent et obtint un député avec Meslier.

 

L’année 1905 vit s’unifier l’ensemble des courants socialistes dans la SFIO (section française de l’Internationale ouvrière). Les socialistes conservèrent la mairie en 1912, obtinrent un conseiller général la même année. Leur implantation était suffisamment importante pour qu’un journal local vit  le jour, Le courrier socialiste, qui cessa cependant sa parution la veille de la Première Guerre mondiale.

 

C’est dans le cadre d’un socialisme bien implanté que les militants seront confrontés au premier conflit mondial. Position d’abord majoritaire dans la SFIO, le soutien à la guerre se disloquait sous les coups des luttes sociales et du pacifisme ascendant. S’il balbutiait à partir de 1916, il prit plus de consistance en 1918.

 

Débat socialiste sur la  « Grande guerre »

 

affiche exclusion BourdetDes socialistes audoniens prirent des positions pacifistes assez rapidement dans une fédération de la Seine acquise majoritairement au vote des crédits de guerre. Le 10 décembre 1916, au cours d’une réunion de plusieurs sections de la SFIO, Alexandre Bachelet, conseiller général de la Seine, dressait un véritable réquisitoire contre les bellicistes. Il réclamait la reprise des relations internationales entre les partis de la IIè Internationale « qui n’auraient jamais du être interrompues ». Il prit également position sur les buts de guerre qui feront l’objet d’un débat permanent dans les rangs socialistes : « quant aux buts de guerre et aux responsabilités, nous les connaissons tous pour les avoir maintes fois discutés. Il n’y a qu’une chose à redire : c’est la volonté de tous les capitalistes belligérants ». Il était soutenu par deux autres audoniens, Truchaux, conseiller municipal, et Chastain qui précisèrent que non seulement les relations internationales devaient être rétablies mais qu’il fallait cesser les hostilités : « assez de crimes commis, disent-ils, car seuls les revanchards à outrance sont pour la continuation de la destruction du genre humain. Nous ne pouvons pas attendre d’un gouvernement bourgeois les démarches nécessaires pour un rapprochement ou la cessation de cette horrible boucherie ». Truchaux ajoutait enfin : « qu’il lui est égal d’être François ou Allemand ; qu’il est prolétaire avant tout ».[3] Ces positions étaient celles défendues alors dans les franges pacifistes les plus à gauche.

 

La discussion était alimentée par la presse pacifiste, par les brochures qui se répandaient tant bien que mal à travers la France. Malgré la guerre, les instances fédérales de la Seine n’étaient pas interrompues dans le département de la Seine et les discussions s’y poursuivaient âprement.

 

La guerre, qui devait être rapide, s’éternisa avec son cortège de morts et de blessés. La classe ouvrière, après avoir acquiescé, se redressa puis, peu à peu choisit de mener des grèves, rompant l’Union sacrée qui nécessitait la mobilisation totale de la société pour encourager l’effort de guerre. Faire grève, c’était affaiblir cette Union.

 

1918 : développement du courant pacifiste

 

Les socialistes de guerre, majoritaires, contrôlaient les instances de la SFIO et censuraient les articles des pacifistes dans le quotidien l’Humanité. L’étouffement de leur expression, le changement d’attitude de la population à l’égard de la guerre, le regain de grèves, jouaient chacun à leur manière, un rôle dans la mobilisation pacifiste.

 

Dans la SFIO, des députés et cadres intermédiaires socialistes décidèrent de s’organiser pour créer une tendance pacifiste modérée. Ils entendaient renouer avec l’internationalisme en prenant des contacts avec des socialistes étrangers toute en votant les crédits de guerre à la Chambre. C’est pour cela qu’ils étaient qualifiés de modérés par opposition à un second courant pacifiste plus radical qui exigeait le refus du vote des crédits ainsi que le départ des ministres socialistes du gouvernement.  Les modérés se dotèrent d’une organisation interne à la SFIO et d’un journal, Le Populaire. Parallèlement, ils créèrent un front de masse, ouvert aux pacifistes de tous bords avec le réseau des groupes des Amis du Populaire et devinrent la force la plus imposante du pacifisme français.

 

Comme dans bon nombre de communes, le courant pacifiste rencontra la sympathie de la population qui se traduisit à St Ouen par la création d’un groupe des Amis du Populaire après un appel publié le 8 août 1918. Les noms des personnes intéressées devaient parvenir à Emile Bermont. Quelques jours plus tard, un groupe était définitivement installé avec un bureau comprenant un secrétaire : Boureau[4], un adjoint : Boudeville, un trésorier[5] : Moirez et un trésorier adjoint : Genevois. C’était un lancement de grande ampleur pour les minoritaires puisque 15000 tracts appelant à lire le Populaire furent diffusés à l’entrée des usines. De plus, 700 adhésions parvenaient au groupe local des Amis, soit des effectifs bien plus importants que ceux de la section socialiste. C’était en outre l’implantation la plus importante du pacifisme organisé en France ! Les réunions du groupe eurent lieu régulièrement dans la salle de la coopérative l’Abeille, rue des Batignolles.

 

L’organisation en Amis du Populaire avait pour but d’étendre l’influence du journal, de préparer les réunions socialistes, de se concerter et d’arrêter une position pour contrebalancer les tenants de la guerre. Ouverts à toutes les nuances pacifistes, les Amis du Populaire constituaient aussi un lieu de recrutement pour l’aile pacifiste de la SFIO.

 

Le 20 octobre 1918, une réunion publique à St Ouen fut initiée par les Amis du Populaire et de la Vague où 3000 personnes furent présentes. Ils renouvelèrent l’expérience le 15 décembre suivant avec un meeting rassemblant 2000 personnes. Différentes sensibilités du mouvement ouvrier y furent représentées : Sirolle (anarchiste), Cachin (député modéré, il vota les crédits de guerre), Alexandre Blanc (député votant contre ces crédits) … Bien qu’organisées après la chute des socialistes de guerre à la tête du Parti, ces réunions confirmaient les options pacifistes et achevaient de renforcer l’aile pacifiste dans la SFIO.

 

La montée en puissance se conclut par une fête à St Ouen avec un banquet organisé le 12 juillet 1919 par les Amis du Populaire, en présence de Cachin, Longuet (pacifiste modéré) et Louise Saumoneau (pacifiste radicale). Les socialistes de guerre étaient devenus non seulement  minoritaires depuis le congrès socialiste d’octobre 1918 mais ils étaient très divisés et prenaient le chemin de la marginalisation rapide. Mais le courant pacifiste autour du Populaire s’essoufflait à son tour car son objectif était atteint. A St Ouen, le   groupe des Amis se réunit jusqu’en septembre 1919. Si la paix fut signée le 11 novembre 1918, la censure du gouvernement contre les pacifistes, établie dès août 1914, se poursuivit jusqu’au 12 octobre 1919. Des manifestations, des réunions publiques ou privées, la diffusion de journaux, de brochures, etc. pouvaient en effet être interdits malgré l’armistice. Pour les militants, la guerre ne cessa réellement qu’à la levée de la censure.

 

Le groupe des Amis du Populaire de St Ouen n’était pas en concurrence avec la section socialiste, les deux agissaient en réalité dans la même direction. Emile Cordon, secrétaire de la section socialiste appelait simultanément en février 1919 au renforcement de l’un et l’autre. Bermont, le secrétaire des Amis du Populaire était également secrétaire adjoint de la section socialiste.

 

La section socialiste entre guerre et après guerre


Le 25 mai 1912, les élections municipales permirent à la liste socialiste emmenée par Louis Dain d’être élue. Ce dernier mourut en cours de mandat et l’adjoint au maire, Paul Bourdet le remplaça le 19 juin 1915. Celui-ci défendit toujours le socialisme de guerre. Il participa à la tendance interne à la SFIO autour du journal l’Action socialiste, qui le présenta en 1917 sur sa liste à la direction fédérale de la Seine. Cet engagement lui sera fatal. En janvier 1919, huit conseillers municipaux se plaignirent de son attitude à la direction fédérale de la Seine. Il refusait des salles à la section socialiste et de verser une part de ses appointements à la caisse du Parti. Au mois de mars, son exclusion était prononcée par la section audonienne. Bourdet conserva cependant son poste de maire et poursuivit ses contacts avec l’aile droite de la SFIO en participant aux réunions nationales animées par Pierre Renaudel. S’il était exclu de la section, il ne l’était pas de la SFIO. Son cas fut discuté à plusieurs reprises dans les instances fédérales. Bourdet était en rupture totale avec la SFIO et désapprouvait y compris l’attitude de Pierre Renaudel qui souhaitait alors un rapprochement avec Longuet, le chef de file des pacifistes. Mais Bourdet ne fut pas immédiatement exclu et se maintint lors des cantonales de novembre 1919. La fédération socialiste de la Seine lança dans l’Humanité du 22 novembre 1919 : « La Commission exécutive de la Fédération de la Seine constatant que le citoyen Bourdet, de la section de Saint-Ouen, se présente comme candidat au Conseil général contre le citoyen Bachelet, seul candidat désigné par l'Union cantonale et ratifié par la Fédération, dénonce aux travailleurs et aux socialistes de Saint-Ouen l’acte d'indiscipline du citoyen Bourdet qui s'est mis par là même en dehors du Parti. Le seul candidat du Parti aux élections cantonales à Saint-Ouen est le citoyen Bachelet. » Ce n’est que le 15 février 1920 que le Congrès fédéral condamna définitivement son attitude ainsi que celle d’autres candidats qui s’étaient dressés contre les candidats socialistes. La fédération trancha : « ils ne sont plus membres du Parti ».


Malgré ces combats internes, la section socialiste comptait environ 500 membres en décembre 1919, chiffre qui ne grossira guère l’année suivante. Par ailleurs, la direction de la section n’était pas stabilisée en 1918-1920. En 1918, un certain Pigou dirigea la section mais en février 1919, celle-ci était conduite par Emile Cordon. Puis en février 1920, le secrétariat fur confié à Victor Mathé et à Marius Garnier en juin 1920. Ce dernier conserva le secrétariat en 1921. Ils influençaient une ville de plus de 50 000 habitants dont 1% était membre de la section locale.


Les socialistes réunirent 4000 personnes le 7 novembre 1919, en vue des élections législatives, à la salle des fêtes de St Ouen en présence du secrétaire général de la SFIO, Frossard, qui développa la politique socialiste. La chorale l’Abeille entonna l’Internationale avant l’acclamation de la révolution russe et la condamnation de Clémenceau. Dans ce mouvement d’après guerre, les idées confuses émaillèrent les discours des uns et des autres et une clarification devait être apportée au cours de l’année 1920 par l’intensification du débat interne.


CORDON 1922Après les élections législatives et municipales, qui vit l’arrivée d’Emile Cordon en décembre 1919, la section socialiste ne cessait de se préoccuper de la vie municipale mais aussi des luttes importantes sur le terrain économiques et politiques.


Le 15 août 1920, une manifestation à l’appel des sections socialistes de Saint-Ouen et de Saint-Denis rassembla 20 000 personnes. L’objet de cette manifestation ? Un ensemble de revendications tantôt politique tantôt économique : contre la guerre et le blocus contre la Russie, contre les révocations, contre la vie chère, contre l'impôt sur les salaires, pour reconnaître le gouvernement des soviets, pour la Révolution, russe, pour le désarmement général, pour l'amnistie, pour la paix des peuples. Les préoccupations tenaient compte des conséquences de la grève de mai 1920 qui vit des arrestations massives de militants révolutionnaires, souvent de premier plan comme Loriot ou Souvarine. 

 

Le Comité de la IIIè Internationale

 

Des militants constituèrent le 8 mai 1919 la première section française officielle de la IIIè Internationale, bien avant la naissance du PCF au congrès de Tours. Les principaux cadres de l’entre-deux-guerres de ce Parti seront issus de ce premier regroupement, le Comité de la IIIè Internationale (unifiant socialistes et syndicalistes minoritaires), et menèrent la campagne pour l’adhésion à la nouvelle Internationale. Des sections locales essaimèrent alors en France en 1919 et surtout en 1920.

 

Avant que ce premier groupe communiste n’apparaisse, des militants audoniens étaient en contact avec l’aile gauche du Parti socialiste qui en constitua la base. Les documents qui se trouvent dans les archives municipales en font foi[6]. Déjà le 12 juillet 1919, Louise Saumoneau, secrétaire nationale du Comité de la IIIè, avait participé à une réunion des Amis du Populaire à St Ouen avec Longuet. Le 17 janvier 1920, Noel Garnier devait parler devant 350 personnes à la salle des fêtes de St Ouen. Après avoir annoncé que le gouvernement français avait fait venir 300 000 soldats d’Afrique pour mater une éventuelle révolution en France, il s’exclamait « Vous voyez que le capitalisme n’est pas du tout prêt à disparaitre et qu’il faudra l’y forcer non par des discours mais par une action énergique ; c’est pourquoi nous devons adhérer à la IIIè Internationale ». Influencés par les quelques documents qui leur parvenait, par les interventions militantes, les socialistes audoniens étaient invités à prendre position.

 

Un comité local de la IIIè Internationale fut rendu nécessaire par d’éventuels blocages rencontrés dans une section socialiste qui n’était pas unanimement favorable à la nouvelle Internationale. Le 30 avril 1920, un comité local de la IIIè Internationale vit donc le jour à St Ouen. Ce groupe était alors la pointe avancée dans la transformation du parti socialiste en parti communiste. Très peu de témoignages militants nous sont parvenus sur son activité audonienne. C’est à l’occasion des trente ans du PCF que l’hebdomadaire Le Réveil de St Ouen nous apprend : « (…) dans notre localité, un puissant Comité pour l’adhésion à la 3ème Internationale se crée sous l’impulsion de Camille Salles, Marius Garnier, Danton, etc. »[7] Il est certain que ce groupe eut une activité importante tout au long de l’année 1920 qui se prolongea jusqu’en novembre 1921. Ce fut d’ailleurs la seule section du Comité de la IIIè Internationale à s’affairer aussi longuement dans la région parisienne et sans doute en France. Elle durera au-delà de la dissolution du Comité décidé nationalement en octobre 1921, après discussion avec l’Internationale communiste.

 

Qui étaient alors ses animateurs ? Salles, alors âgé de 35 ans, au fort accent méridional marquant son origine girondine, était métallurgiste et incarnait le comité local. Marius Garnier, instituteur  âgé aussi de 35 ans, était également le secrétaire de la section socialiste en juin 1920. Danton n’a pas marqué suffisamment l’histoire pour être bien identifié. Tout au plus sait-on qu’il fit des interventions publiques dans des réunions d’anciens combattants et de socialistes. Ceci dit, la police suivait avant guerre un certain Joseph Danton, âgé de 41 ans en 1920, instituteur et syndicaliste, nommé à St Ouen en 1912 et proche des anarchistes. Il est vraisemblable qu’il fut de ceux qui menèrent la campagne pour l’adhésion à la IIIè Internationale comme nombre d’instituteurs et de libertaires à l’époque. Il faut sans doute ajouter le socialiste Emile Cordon, « l’ainé » avec ses 42 ans, parmi les membres du Comité. Il expliqua en 1920 que : « mon adhésion à la IIIè Internationale m’occupait entièrement »[8].

 

appel meeting st ouen BCDonc, « un puissant Comité » fonctionna à St Ouen. Il semble que les effectifs aient nécessité une organisation bien structurée. Une commission exécutive fut rapidement mise en place pour coordonner l’intervention débridée qui était la leur. La section, elle, se réunira très régulièrement à son siège au 16, avenue des Batignolles (actuellement avenue Péri), chez Chaudet. Les discussions filaient sur la réforme agraire, la Commune… En soutien aux prisonniers accusés de complot contre l’Etat faisant suite aux grèves de mai 1920, le comité local de la IIIè Internationale fit un meeting le 24 juin « contre les provocations gouvernementales, contre la répression, pour la libération des prisonniers », présidé par Cordon, maire de Saint-Ouen. La section du Comité de la IIIè Internationale se réunira chaque semaine jusqu’au congrès de Tours et organisera un bal le 14 novembre 1920 avec la Jeunesse de St Ouen.

 

Y a-t-il eu des groupes révolutionnaires à St Ouen en dehors de ce Comité ? Aucun groupe n’est attesté. Tout au plus savons nous que le 11 janvier 1919 un rendez-vous avait été donné à l'Abeille pour regrouper « tous les travailleurs et démocrates qui croient à l'utilité d'une action concertée en présence des événements actuels sont invités, en particulier les libertaires et tous les anciens membres de la Fédération communiste. » Il semble donc qu’il y ait eu avant guerre des anarchistes regroupés à l’époque dans une fédération communiste anarchiste créée en 1911.

 

Vers le congrès de Tours

 

Le 3 novembre 1920, L’Humanité  publia la motion d’adhésion sans réserve. Rapidement, les socialistes audoniens organisèrent une controverse entre les représentants des différentes tendances, dès le 6 novembre 1920. Le 11 novembre, Emile Cordon apparut dans l’Humanité parmi les signataires de la motion d’adhésion sans réserve à la IIIè Internationale. Puis, le quotidien diffusa dans le même sens les noms de conseillers municipaux, Charles Chastain, Ernest Luneau, Connier, et Victor Lefevre.

 

Cependant, l’unanimité n’était pas présente dans les rangs de la municipalité. Le 16 décembre 1920, quatre conseillers municipaux (Truchaux, Lapoirie, Levasseur et Thellier) signèrent la déclaration des longuettistes qui souhaitaient une adhésion avec réserve, c’est-à-dire qui refusant une partie des thèses communistes. Finalement, la section vota par 452 voix pour la motion d’adhésion sans réserve et 32 voix se portèrent sur celle de Longuet tandis que 6 vont à celle de Blum-Paoli.

 

Le 11 janvier 1921, la section de Saint-Ouen, restait donc fidèle au Parti, avec tous ses élus, Bachelet, conseiller général ; Ludihuser, conseiller d'arrondissement ; Cordon, maire ; Truchaux et Chastain, adjoints, et tous les conseillers municipaux. Dix-sept socialistes qui avaient voté pour la motion Longuet-Paul Faure et trois qui avaient voté pour la motion Blum donnèrent lecture d'une déclaration dans laquelle ils affirmaient leur fidélité au Parti.

 

Si la section locale du Comité de la IIIè Internationale maintint une activité publique en 1921, il faut en chercher la raison dans la méfiance de certains de ses membres vis-à-vis des communistes de la dernière heure. Outre Frossard, Cachin, qui s’étaient ralliés cinq mois avant le congrès de Tours, il y avait encore des militants comme Raoul Verfeuil, ancien secrétaire fédéral qui avait d’ailleurs soutenu jusqu’au dernier moment la tendance longuettiste. La construction d’un parti communiste n’était pas terminée.

 

François Ferrette

 

source iconographique : archives municipales (http://www.mediarchives.saint-ouen.fr/medias/medias.aspx?INSTANCE=exploitation&PORTAL_ID=vsto_Archives_Archivesenlignes.xml&OUTPUT=PORTAL)

 

photo 1 : affiche de la section socialiste en 1919 (archiv mun.)
photo 2 : Emile Cordon à une tribune à St Ouen en 1922 (archiv mun.)
photo 3 : appel au meeting du 24 juin 1920 paru dans le Bulletin communiste.

[1] Mort en 1925, sa tombe, à St Ouen, est ornée d’un drapeau rouge.

[2] Le 1er maire socialiste de France (et du monde !) est Christophe Thivriers, maire de Commentry dans l’Allier en 1882. Il était commerçant en vins et non pas ouvrier, à la différence de Jean Pernin.

 

[3] Les citations sont tirées d’un rapport de police du fonds Moscou : Archives Nationales, cote 19940469 article 233 dossier 19565 (dossier Gaston Philippe).

[4] Il sera remplacé par la suite par Bermont.

[5] En mai 1919, le conseiller municipal Chastain prendra la fonction de trésorier.

[6] Archives municipales, coteAR2508 : Dossiers parti socialiste, élections municipales de 1912, résultats de l’engagement des candidats, articles de presse de 1924 et 1939, affiches, courrier : Tract du Comité pour la reprise des relations internationales (avril 1919), un tract du Comité de la 3ème Internationale de janvier ou février 1920 ainsi qu'un courrier interne à destination des secrétaires des sections socialistes daté du 24 mars 1920.

[7] Pour le 30ème anniversaire - St Ouen se penche sur son passé, René Antoine, le réveil de St Ouen, 09 décembre 1950.

[8] Le Journal de St Denis, 20 novembre 1920.

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